Chronique n° 125 - Sanctum Corpus d'Olivier Saraja, de l'anticipation à la résonnance très actuelle !

En début de mois, Olivier Saraja
a proposé sur Twitter de faire lire à quelques personnes sa nouvelle novella, Sanctum Corpus. Ayant beaucoup aimé ces
deux premiers récits, je me suis précipitée pour en profiter. En ce #JeudiAutoEdition,
il est temps de vous parler de cette lecture !
Il y eut la guerre. Les hommes étaient allés trop loin dans leur maîtrise du vivant : eugénisme, banque d’organes, immortalité. Scandalisé de n’être qu’une matière première génétique à exploiter, le tiers-monde finit par se révolter. Une société standardisée émergea, plus juste et régulée par des intelligences artificielles, mais lorsque des vagabonds extra-terrestres s’échouèrent sur Terre, il n’y eut d’alternative à l’extermination que d’incinérer le monde. Bien des années plus tard, Viktor est un scientifique de Gamma, une cité-îlot au cœur des terres brûlées. Au cours d’une attaque des envahisseurs, il est subitement arraché à sa vie médiocre et routinière. En compagnie de Fathya, une marginale aveugle, il dévoilera les plus sombres secrets de sa ville et de son inaccessible dirigeant.
Sanctum Corpus nous plonge dans un univers de science-fiction pure. Les cyborgs sont monnaie courante, la
technologie est hyper développée, tout le monde est connecté à un réseau
« vivant » entretenu par la ville et le régime politique est
entièrement totalitaire, même s’il s’en cache bien. Des castes se sont développées, la prohibition est forte mais tout cela
est présenté sous la mantra du « c’est pour votre bien ». Ce récit
fait donc intervenir une réelle dystopie.
Notre héros, Viktor, est
spécialiste en nanotechnologie. Même s’il fait partie de la population modeste,
il a tout de même bien réussit et s’installe dans une petit vie plutôt
tranquille, jusqu’au jour où tout va basculer. Comme tout le monde ou presque,
il a porté des œillères toute sa vie, sans même se rendre compte de ce que le
gouvernement lui imposait. Tout le long du récit, Viktor ouvre les yeux et se
rend compte que le monde dans lequel il vit n’a jamais existé. Le constat est
difficile à avaler, sachant que plus il s’abime dans cette nouvelle réalité,
plus les révélations s’enchaînent.
J’ai aimé suivre ce personnage
parce qu’il nous offre les deux versions de la société qui cohabitent de
manière parallèle dans la ville de Gamma. Au début, il est monsieur
tout-le-monde, celui qui excepte pour argent contant ce qu’on lui donne à voir.
À la fin, il est l’homme désillusionné qui a enfin une vision claire de ce qui
l’entoure. Jamais il n’aurait imaginé en arriver là (en nous non plus !).
L’évolution de Viktor est très
intéressante. Ce contexte de société totalitaire prend des résonnances très
actuelle (surtout aujourd’hui …). Pour moi, le point fort de cette novella
réside dans le fait qu’elle fait réfléchir.
Inévitablement, on s’identifie à Viktor et à ce qu’il vit. On se dit :
« Et si on nous mentait à nous aussi. ». De là s’en suit des tas de
questions sur le fonctionnement de notre environnement social et politique. Je
ne m’attendais pas à trouver autant de parallèle entre Sanctum Corpus et la France de 2016.
Heureusement, Viktor n’est pas
seul. Fathya et Louie sont là pour le guider dans sa nouvelle vie. J’aime à
croire qu’on a tous un destin, et c’est clairement ce qu’il ressort de Sanctum Corpus. Au-delà du côté politique,
les questions sur les nouvelles
technologies jouent un rôle central, encore une fois nous permettant de
réfléchir à notre propre situation. J’ai vu dans cette histoire les limites
d’un développement technologique trop grand. Il en ressort une mise en garde très pertinente.
Le rythme du récit est également
très bon, alternant scènes d’action et temps de réflexion. Les révélations sont
nombreuses, ce qui apporte beaucoup de richesse à l’intrigue tout au long de la
lecture. Le point de vue n’est pas omniscient, ce qui nous fait recevoir au
compte-goutte les informations. J’ai apprécié cette narration immersive, aménageant des zones d’ombres pour mieux les
mettre en lumière par la suite.
Le récit est assez court, un peu
moins de 100 pages. J’aime de plus en plus ce format puisqu’il offre de l’intensité à l’histoire. Pas le temps
pour les fioritures, on va droit à l’essentiel. Pourtant j’aurai peut-être aimé
qu’Olivier Saraja s’attarde un peu plus sur les sentiments et la psychologie de
Viktor. Peut-être que le bouleversement que le héros traverse aurait mérité
plus de pathos. Mais l’histoire ne souffre en rien de cette remarque, il ne
s’agit que de mes gouts personnels.
Sanctum Corpus est une novella de science-fiction, mais également
d’anticipation dont les réflexions
sont tournées vers la politique et la technologie. On y voit la vision
désabusée d’un auteur qui s’interroge sur son propre monde, au-delà de celui
qu’il a créé. L’univers du récit n’est, selon moi, qu’un prétexte pour
s’enquérir de l’avenir de l’humanité. A l’heure où le projet avance à pas de
géant et où les gouvernent prennent de plus en plus de libertés, je suis
certaine que Sanctum Corpus plaira
beaucoup aux esthètes et à tous ceux qui se souhaitent réfléchir à notre
avenir.
Je lui ai mis :
- 16/20 sur Livraddict
- 4/5 sur Goodreads
Infos pratiques :
Titre : Sanctum Corpus
Auteur : Olivier Saraja
Auto-édité (30 avril 2016)
93 pages
1,99€
Les autres récits d'Olivier Saraja :
- Spores !
2 petits mots
Rien que le résumé me donne envie !
RépondreSupprimerAlors je fais partie des "esthètes et à tous ceux qui se souhaitent réfléchir à notre avenir" ;) .
Cette novella est faite pour toi alors ! N'hésite pas à m'envoyer un petit lien si un jour tu la lis. Je serai curieuse de voir ton avis :)
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